France Inter lance avec le journal Le
Monde un Appel pour la Dignité et l’Egalité rédigé par 8 femmes,
tunisiennes, égyptiennes, libyennes, syriennes et algériennes.
Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, tunisienne
Bochra Belhadj Hmida, avocate, cofondatrice et ex-présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates, tunisienne
Shahinaz Abdel Salam, bloggeuse et activiste, égyptienne
Nawal El Saadawi, médecin psychiatre, écrivain et féministe historique, égyptienne
Souhayr Belhassen, Bochra Belhaj Hmida, Shahinaz Abdel Salam, Nawal Al Saadawi.
Tahani Rached, réalisatrice, égyptienne
Wassila Tamzali, féministe et essayiste algérienne
Samar Yazbek, romancière, syrienne
Azza Kamel Maghur, avocate internationale et membre du Conseil Libyen des Droits de l’Homme, libyenne.
Elles seront toutes présentes
lors de l'émission L’appel du 8 mars Rencontre de 11h à 12h20 en direct et en public, présentée par Laure Adler avec Dominique André et Stéphanie Duncan*
La pétition sera remise au Président du
Conseil Européen à l'occasion du Sommet des chefs d'état et de
gouvernement de l'Union Européenne à Bruxelles le 25 mai 2012.
L'appel peut être signé par tout citoyen* :
A l'attention de tous les Chefs d’État
Nous, femmes arabes impliquées dans les luttes pour la démocratie, la dignité et l’égalité,
Nous, actrices au premier plan des changements exceptionnels que connaît le monde arabe,
tenons à rappeler à l’opinion publique que les femmes sont en droit de
bénéficier au même titre que les hommes du souffle de liberté et de
dignité qui gagne cette région du monde.
Depuis toujours les femmes
mènent des luttes pour obtenir des acquis, plus ou moins importants
selon les pays. Mais ces acquis demeurent en deçà de leurs aspirations
et font de leur statut un des plus reculés dans le monde. .
Les violences demeurent répandues tant dans l’espace public que privé et
très peu de mesures sont prises pour mettre fin à ce fléau.
Les
codes de la famille ne sont dans la plupart des pays arabes que
des textes instituant l’exclusion et la discrimination.
Les
autres lois que sont le code de la nationalité, certains codes civils
et les lois pénales ne font que renforcer ces discriminations. Ces lois
violent les droits les plus élémentaires et les libertés
fondamentales des femmes et des fillettes par l’usage de la polygamie,
le mariage des mineures, les inégalités en matière de mariage, de
divorce, de tutelle sur les enfants ou encore l’accès à la propriété
et à l’héritage.
Certaines lois permettent même à la parentèle
masculine de tuer des femmes et des filles avec le bénéfice de
circonstances atténuantes dans le cadre des crimes d’honneur.
Si
la majorité des pays arabes (à l’exception du Soudan, et de la
Somalie) a ratifié avec plus ou moins d’empressement la Convention sur
l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des
Femmes (CEDAW), adoptée par l’ONU en 1979, ces ratifications sont
restées sans impact réel sur le statut et la condition des femmes.
Aujourd’hui que le monde arabe est en phase de construction démocratique
pour la consolidation de l’Etat de droit et des droits humains, nous
considérons que si l’égalité ne peut se réaliser sans la démocratie, la
pleine jouissance de cette démocratie ne peut se réaliser sans une
égalité totale entre les hommes et les femmes.
C’est pourquoi
nous appelons les Etats, les partis politiques et la société civile
dans ces pays à tout faire pour que la dignité des femmes et leur
égalité avec les hommes ne soient pas une fois de plus sacrifiées au
nom de prétendues priorités.
Aucune démocratie en effet ne peut se
construire au détriment de la moitié de la société. Ensemble nous
avons fait notre présent, ensemble nous construirons un avenir
meilleur.
Nous exigeons :
- la préservation des acquis, l’égalité totale et effective et l’inscription des droits des femmes dans les constitutions
- les mesures législatives et administratives afin d’éradiquer les violences faites aux femmes.
- la ratification et le respect de la CEDAW sans réserve dans son esprit et dans toutes ses implications concrètes.
- l’adoption de lois qui protègent les femmes des inégalités sociales
et économiques, des discriminations, en particulier familiale. -
les mesures d’action positive afin d’assurer l’accès des femmes aux
postes de décision et à leur pleine participation à la vie politique
et associative.
- la dénonciation des voix qui s’élèvent ici et là pour
discriminer les femmes au nom d’une lecture rétrograde des préceptes
religieux ainsi que celles qui voudraient leur interdire une
participation pleine et entière à une vie digne et respectueuse des
droits humains.