Raqqa : ville symbole, libérée et piégée
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- Catégorie : Actualité internationale
- Publié le Mercredi, 25 Octobre 2017 10:57
Drapeaux fièrement levés, l'alliance anti-État islamique soutenue par les Etats-Unis a annoncé ce 17 octobre avoir achevé la reconquête de Raqqa, capitale autoproclamée du groupe EI à l’est de la Syrie depuis 2014.
Au terme de 4 mois de combats dévastateurs, les Forces démocratiques syriennes et l’armée américaine ont chassé les djihadistes…
La chute de Raqqa représente un revers de taille pour Daesh dont le califat est pratiquement écroulé en Syrie et en Irak voisin à la suite de multiples offensives pour la déloger des régions conquises depuis 2014.
Piégée à 80 %, la ville de Raqqa est interdite à la population qui ne pourra pas y revenir avant plusieurs semaines, explique Arnaud Comte, envoyé spécial de France 2 à Raqqa. Martyrisée par des mois de combats et des milliers de bombes, Raqqa est une ville dévastée…
Les rues sont jonchées de mines et d'explosifs. Les pièges sont balisés par une inscription sur le mur, comme pour cette charge explosive artisanale censée se déclencher à l'ouverture d'une porte…
Seuls ses squelettes d’immeubles tiennent parfois encore debout avec des vestiges de l'occupation tels un panneau routier aux couleurs de Daech. Carcasse insolite, la remorque d'un transporteur français s’est échouée ici.
Raqqa libérée…
Raqqa constituait le fief des pires atrocités commises par Daesh. C’est là qu’avaient notamment été planifiés de nombreux attentats. Les djihadistes s'étaient retirés depuis 2 semaines du rond-point d'Al-Naïm, où l'EI menait ses exécutions lorsqu'il était maître de la ville mais les lieux était minés Lundi soir, les FDS ont annoncé l’avoir totalement libéré.
Tout est fini à Raqqa. Il y a actuellement des opérations de ratissage pour éliminer les cellules dormantes, si on en trouve, et pour déminer la ville, a indiqué un porte parole des FDS. L’armée américaine a confirmé que 90 % de la ville de Raqqa avait été reprise à l’EI.
Un hôpital et un stade municipal dans le centre de la ville servaient de cellules à des dizaines de djihadistes étrangers. Grâce à un accord négocié par des responsables locaux et des représentants tribaux, les civils pris au piège ont pu être évacués et 275 djihadistes syriens et leurs familles avaient été autorisés à quitter la ville sans savoir s'ils allaient rejoindre d'autres régions aux mains de l'EI. La dernière chose que nous voulons, c'est que les combattants étrangers soient libérés et qu'ils puissent retourner dans leur pays d'origine et causer la terreur, assurait Ryan Dillon, colonel américain porte-parole de la coalition.
Impossible de savoir ce que sont devenus les survivants
Des familles, qui se comptent sur les doigts d'une main, sont restées dans les faubourgs, Arnaud Comte, journaliste de France 2, a rencontré l'une elles, restée terrée chez elle pendant 3 ans pour croiser le moins possible les hommes de Daech. Une de leurs voisines était française etvenait parfois leur réclamer un peu de lait.
Les revers de l’organisation État islamique
Sous le coup des offensives soutenues par la Russie ou les États-Unis, Daesh subit revers après revers en Syrie et en Irak, depuis des mois. Dans la province voisine de Deir Ezzor, à l’est, les djihadistes sont confrontés d'un côté aux forces du régime syrien, soutenues par l'aviation russe et de l'autre aux FDS, appuyées par la coalition internationale. Les militaires du régime syrien ont réussi à reconquérir de vastes territoires entre la capitale provinciale et la ville de Mayadine, sur la rive est de l'Euphrate.
En 2011, la répression gouvernementale des manifestations pacifiques en Syrie s'est transformé en conflit complexe avec l'implication de pays étrangers et de groupes djihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Au moins 330 000 sont mortes, des millions ont été déplacées.