CAPS : une cellule de prévention du suicide pour les policiers

Depuis le début 2019, 28 policiers se sont suicidés…

Un triste record sans précédent !

En 2018, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 35 policiers et 33 gendarmes s’étaient donné la mort et un rapport sénatorial relevait que, depuis 20 ans le taux de suicide des forces de l’ordre est supérieur de 36 % à celui du reste de la population.

Face à ces drames, nous devons briser la peur et le silence, a écrit le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner sur Twitter avant d’inaugurer ce 29 avril, une cellule alerte prévention suicide (CAPS), mise en place pour tenter d’endiguer ce fléau.

Une ligne d’appel ouverte en juin pour mettre en relation les policiers en souffrance avec des psychologues 24h/24 et 7 jours/7.

Située dans le 12e arrondissement de Paris, la structure complètera les dispositifs existants. Noémie Angel, inspectrice générale de l'administration et sous-directrice, est chargée de l'accompagnement et du soutien. Elle sera épaulée par Jean-Louis Terra, psychiatre, et un officier de police. Christophe Castaner en attend un travail d’analyse pour être force d’initiative.

C’est une bonne chose, mais qu’ont-ils fait depuis 2 ans, à part créer une cellule pour réfléchir ?, ironise Christophe Korell, un ex-officier de la PJ muté au ministère de la Justice et président de l’association Agora des citoyens, de la police et de la justice (ACPJ). Si le suicide dans la police est récurrent, il reste peu traité par les autorités, fustige-t-il. On ne montre pas ses faiblesses par peur d’être mis à l’écart, signale-t-il.

Christophe Korell estime que le suicide est l’ultime symptôme d’un mal-être profond et généralisé et dont les causes ne sont pas traitées. Avec 89 psychologues pour 140 000 policiers, peu de moyens sont actuellement déployés…

S’il n’y a pas de budget pour recruter plus de psy, qu’on forme des agents dans chaque commissariat afin d’avoir des personnes relais, réclame Christophe Korell. Un plan avait déjà été lancé par Gérard Collomb, le précédent ministre de l’Intérieur, après une année 2017 déjà marquée par une recrudescence des suicides dans la police.

En février 2018, 2 psychologues aux côtés des policiers en détresse depuis 2006 étaient auditionnées par les parlementaires. Catherine Pinson, chef du Service de soutien psychologique opérationnel (SSPO) de la police nationale, expliquait que le suicide est multifactoriel.

Les rythmes de travail, les nuits d’astreintes, les horaires décalés, la confrontation aux risques, à la violence et à la mort ont un impact sur l’équilibre familial et cela fait des dégâts, insiste-t-elle dans son rapport. En plus, la politique du chiffre exerce une forte pression et un sentiment d’être jugé sur des critères quantitatifs et non qualitatifs, ce qui mène vers une perte de sens et un sentiment d’inutilité…

Entre terrorisme et manifestations, les policiers sont extrêmement sollicités. Stanislas Gaudon, porte-parole du syndicat Alliance, a annoncé 23 millions d’h supplémentaires !

Le risque d’attentat impose depuis 2015 une hypervigilance épuisante, rappelle Catherine Pinson. Face à tout cela, certains encaissent, d’autres se fragilisent…

Mais l’appel à l’aide n’est pas dans la culture de la profession. Les dispositifs existants restent méconnus des agents eux-mêmes. Il est nécessaire de changer les mentalités par la sensibilisation. Normaliser l’expression de son mal-être doit être intégré dans la formation des policiers.